Le coût social de la course à l’intelligence artificielle (IA) est un sujet de plus en plus discuté, mais il reste en grande partie tabou...
Le coût social de la course à l’intelligence artificielle (IA) est un sujet de plus en plus discuté, mais il reste en grande partie tabou dans les cercles décisionnels, notamment dans l’industrie technologique et chez les investisseurs. Voici une analyse structurée de ce sujet complexe et sensible :
🧠 1. Pourquoi parle-t-on de "coût social" de l’IA ?
La "course à l’IA" fait référence à la compétition mondiale (entre entreprises, pays, startups…) pour développer des technologies d’IA plus puissantes, plus rapides et plus rentables. Or, cela engendre des externalités négatives que peu de décideurs intègrent publiquement :
🏭 a. Destruction d’emplois
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Les modèles d’IA automatisent de plus en plus de tâches, notamment dans les secteurs :
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administratif (comptabilité, RH),
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service client (chatbots),
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journalisme,
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transport/logistique (véhicules autonomes).
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Conséquence : disparition ou transformation rapide d’emplois sans transition adéquate.
💼 b. Précarisation du travail
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L’essor de l’IA générative renforce le recours à des micro-tâches mal rémunérées (modération de contenu, annotation de données) souvent confiées à des travailleurs du Sud global.
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Ce sont des emplois invisibles, essentiels au fonctionnement de l’IA, mais rarement protégés.
🌐 c. Inégalités géopolitiques
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Les géants de la tech (américains, chinois principalement) concentrent les ressources, les données et les modèles.
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Les pays du Sud (Afrique, Asie du Sud) fournissent la main-d’œuvre invisible sans partager équitablement les bénéfices de l’IA.
🧱 2. Pourquoi est-ce un sujet tabou ?
🔇 a. Narratif dominant de "progrès technologique"
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L’IA est perçue comme inévitable, bénéfique et source de croissance.
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Toute critique est souvent étiquetée comme "technophobe" ou "anti-innovation".
💸 b. Enjeux économiques et financiers massifs
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La course à l’IA génère des milliards en investissements, ce qui pousse les entreprises à minimiser ou ignorer ses effets néfastes.
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Les impacts humains ne sont pas intégrés dans les indicateurs de performance (ROI, croissance, valorisation boursière…).
🕶️ c. Manque de transparence
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Les entreprises de la tech évitent de communiquer sur les conditions de travail de leurs sous-traitants.
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Les algorithmes sont souvent des boîtes noires, difficilement auditables ou régulables.
🧩 3. Vers une prise de conscience ?
📢 a. Mobilisation sociale émergente
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Des associations, journalistes et chercheurs dénoncent les conditions de travail invisibles derrière l’IA (voir le travail de MIT Technology Review, Time, AlgorithmWatch…).
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Des collectifs de travailleurs annotateurs (ex : Kenya, Venezuela) commencent à s’organiser.
🧾 b. Appels à une IA éthique et soutenable
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L’UE, via l’AI Act, tente d’imposer des garde-fous, mais ne traite pas encore pleinement les enjeux sociaux globaux.
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Certains chercheurs militent pour une "slow AI" : développement éthique, avec pauses, audits, et implication des communautés affectées.
❗Conclusion
Le coût social de l’IA n’est pas inexistant, il est invisible. Ce n’est pas un coût technologique, mais un coût humain, supporté par les plus vulnérables, souvent loin des centres de décision. Le fait que ce sujet reste secondaire dans les débats publics et politiques en fait effectivement un tabou moderne, qu’il est urgent de briser.
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